Le selfie a tellement envahi la société qu’il est devenu un argument de vente à part entière sur un marché du smartphone de plus en plus concurrentiel.
Du coup, pratiquement tous les constructeurs se doivent de compter dans leur catalogue un selfie-phone. Nokia a son Lumia 735, Huawei son Ascend P7. Et HTC son Desire Eye. Bon investissement, ou piège marketing ? Voyons voir …
Technique : du matos de pointe
La très bonne première nouvelle, avec le HTC Desire Eye, c’est qu’il embarque du matos haut de gamme à un prix plutôt positionné moyen de gamme. Fourchette haute du moyen de gamme, mais moyen de gamme quand même… Écran 5,2 pouces Full HD, processeur Qualcomm Snapdragon 801 cadencé à 2,3 Ghz (l’un des plus véloces du moment), 2 Gode RAM, 16 Go de mémoire interne (extensible au moyen d’un slot microSD). À l’arrière, le Desire fait dans le conventionnel sur cette gamme de prix : un capteur dorsal de 13 Mégapixels (ouverture f/2.0) a été monté. L’originalité, c’est que, Selfie-spirit oblige, le même bloc photo a été monté à l’avant du terminal, au centre de celui-ci, avec une ouverture f/2.2 (28 mm), assorti d’un double Flash LED ! Des selfies en 13 Mégapixels, ça vous dit ?
Autonomie: dans la norme
2400 m Ah, ça n’a rien de transcendant comme batterie d’un téléphone pourvu d’un si grand (et forcément énergivore écran). On dira donc le Eye dans la norme. A luminosité moyenne, batterie à 100%, on a lancé une lecture vidéo en streaming WI-FI depuis un Nas. Il était minuit. A 7 h 30 du matin, il restait 3 % d’autonomie. En usage normal, tabler sur un peu moins d’un jour et demi semble raisonnable.
Photo: tout va bien, tant qu’il fait clair
Principal argument de vente du téléphone, son aspect photo tient-il la route ? Déjà, notons l’accessibilité et la qualité de l’application photo, qui propose une double capture, en ce compris vidéo, des modes panoramique, autoportrait mais aussi du déclenchement à la voix, le morphing d’un visage... Pas mal. La qualité des clichés ? Tout dépend, comme trop souvent, de la luminosité. Lorsqu’ il fait jour, et que la lumière est suffisamment présente, c’est réjouissant: piqué, détails, tout y est. Mais en cette période hivernale, les faiblesses du Eye sont criantes : lorsqu’il fait sombre, c’est tout simplement mauvais, et truffé de bruit. Quant au mode selfie, même constat: les amateurs vont apprécier de se shooter si joliment. .. tant que la lumière est dans la pièce. Le capteur avant est un poil moins performant que son aîné, à l’arrière. Mais sans commune mesure avec ce que les autres téléphones peuvent capturer, en frontal.
Design: une gueule, qu’on aime ou qu’on déteste
Ceux qui suivent l’actu du taïwanais HTC l’auront compris: à l’intérieur, le Desire Eye est aussi musclé que le modèle de référence de la marque, le HTC One M8, pourtant bien plus cher. L’économie est donc partiellement faite sur les matériaux: c’est du plastique, noble, mais mat (et très réceptif aux traces de doigts…), que la coque unibody du smartphone se pare. Et, alors qu’on était fans du métal (alu brossé) qui donne aux HTC One un aspect premium indéniable, et qu’on s’attendait à être déçu du retour du plastique à l’avant-plan, c’est la bonne surprise qui prévaut : non seulement la prise en main, le toucher, soyeux, est confortable, mais, en prime, le rendu esthétique est plutôt bon. Le choix des couleurs, appel du pied aux d’jeuns, n’y est pas étranger : soit du blanc avec des touches de rouge, soit un camaïeu de bleus qui apporte une patte, une touche colorée assez rare dans un marché des smartphones très homogène. On aime ou on déteste, mais l’indifférence est rarement de mise. La seule tare question design, et ce n’est pas une première chez HTC, c’est que l’écran n’occupe que 66 % de l’espace de la face avant. Et ce, alors que le Desire se passe de boutons physiques, mais pas de cet absurde bande noire où se loge le logo HTC, en bas du téléphone. En termes de rationalisation de l’espace, c’est loupé.
Ergonomie: étanche et… grand
Appréciable encore : le Desire Eye est étanche ( IPX7, soit une immersion jusqu’à 1m d’eau max.), le tout sans cache à déclipser sur un port micro-USB ! Même s’il contient ses aptitudes sous un poids acceptable (154 g), le Desire Eye, sans revendiquer le qualificatif de phablette, reste un grand smartphone, dont l’utilisation à une main, selon les usages, n’est pas toujours évidente.
Puissance, Usage : une bête d’écran
Équipé d’Android KitKat (4.4), avec la surcouche graphique HTC Sense 6 (on peut aimer ou détester les surcouches graphiques que les constructeurs appliquent à Android, mais Sense est loin d’être la pire), le Desire tourne comme une horloge. Une réalité qui se concrétise en lançant les benchmarks (AnTuTu, Quadrant etc.) Le Desire Eye obtient des scores similaires à des Galaxy S5 ou Note 3 supérieurs à un Sony Xperia Z2 mais tout de même en deçà d’un HTC One M8. Dans l’usage, aucun couac de fluidité. On est tout autant ravi de l’écran : la luminosité, le taux de contraste, la densité (424 pixels par pouce),… On n’est assurément pas sur une dalle de seconde zone, mais bien un écran premium très agréable au quotidien. Les haut-parleurs BoomSound (en stéréo ce qui reste rare sur un smartphone) font plutôt bien leur office (mieux que sur un smartphone lambda), mais, cette fonction ne doit aucunement servir de motivation d’achat.
Verdict :
Le Desire Eye est une bonne surprise. C’est un smartphone haut de gamme. Doté d’une patte, d’un cachet, dû à son aspect bicolore, on le devine facilement dans les mains d’une population jeune et très connectée. On regrette, toutefois, que son argument de vente majeur, son double aspect photo, mette les deux genoux et la langue à terre dès que la lumière baisse…