Il existe une analogie extrêmement pertinente pour expliquer les interactions entre mémoire vive (RAM) et stockage sur un PC. Il s’agit de comparer le PC à un bureau dont la surface représenterait la RAM et les tiroirs les disques durs.
Plus le bureau est grand, plus on peut y déployer de documents consultables rapidement. Sortir ces derniers des tiroirs prend plus de temps et ralentit le processus. Le tout étant de savoir quelle est la taille optimale du bureau.
Si on navigue quelques instants sur les sites des revendeurs de PC, notebooks ou desktops, on en retire les grandes tendances suivantes. Les entrées de gamme desktop sont habituellement proposées avec 4 Go de DDR4, les gammes intermédiaires avec 8 Go, 16 Go plus rares étant réservés aux offres les plus onéreuses.
Pour la bureautique !
Avant d’aller plus loin, il est intéressant de se demander quelles applications sont les plus gourmandes en espace RAM. Outre l’OS, on se rend vite compte que les navigateurs sont de gros gloutons. Chrome en tête ! Par exemple, 7 onglets ouverts dont un avec Netflix, un avec Gmail et 5 sites Internet standard occupent déjà 1,5 Go sur la RAM.
Si vous êtes un gros consommateur d’Internet, que vous utilisez des suites bureautiques de type Office avec plusieurs documents ouverts en simultané, vous utiliserez rarement plus de 4 Go. Seuls les documents de très grosse taille, comme les textes de plusieurs centaines de pages ou les tableurs colossaux risquent de faire exploser le quota. En règle générale, 4 Go suffisent à de la bureautique et passer à 8 Go peut aider si vous comptez travailler sur des documents plus importants.
Pour les joueurs: plus de RAM ou RAM plus rapide ?
Le joueur aussi sera confronté à la question cruciale de la quantité de mémoire idéale pour sa machine. Autrefois, 4 Go étaient suffisants pour tout, mais cette époque est révolue. Prenez des titres comme Mass Effect Andromeda par exemple, il demande un minimum de 8 Go de DDR… tout comme de nombreux titres récents d’ailleurs. Cela tombe bien, nombre de configurations solides et abordables proposent justement cette quantité de mémoire par défaut. Passer sur 16 Go ou plus apportera-t-il quelque chose ? Peut-être, mais pas au joueur.
À configuration identique, doubler la quantité de RAM pour passer de 8 Go à 16 Go n’apporte aucune amélioration. Parfois 1 fps, mais la différence est si faible qu’il est possible que ce soit simplement une marge d’erreur qui soit mise en évidence plutôt qu’une amélioration.
Pour le joueur, 8 Go sera donc amplement suffisant, pour le moment. Attention toutefois, certains titres récents tirent parti de plus de mémoire et sauront utiliser 16 Go. On pensera à des Star Wars Battle front, Gears of War 4, Forza Horizon 3 ou Deus Ex pour ne citer qu’eux. Le joueur est toujours à la recherche de la meilleure configuration pour gagner quelques fps.
La mémoire impacte les performances en jeu, mais pas vraiment de manière spectaculaire. Toutefois, sur plateforme Intel comme AMD, les gains sont réels. Et Ryzen semble plus sensible à l’augmentation de la fréquence et à des timings plus agressifs sur les modules utilisés. Prenez un titre comme Battlefield 1 par exemple. Un Ryzen 7 1800X associé à une GTX 1080 verra le frame rate passer de 125 avec de la DDR4 2133 CL16 à 135 avec de la DDR4 2400 CL16 et atteindre les 145 avec de la DDR4 3200 CL16 !
On voit donc un réel impact des fréquences sur les performances chez AMD. Chez Intel, sur le même moteur, les gains sont à peu près similaires, chaque kit apportant en moyenne 5 fps de mieux. En moyenne, passer de DDR4 2133 à 3200 sur AMD booste les performances de 12 à 15%, c’est pas mal. Mais relativisons : ces gains sont mesurables en test, mais seront peu perceptibles in situ, le frame rate initial étant déjà confortable.
Sur le même moteur, jouer sur les timings permet de grappiller encore 1 fps ci et là. Passer de CL16 à 15 ou de 15 à 14 apporte ce petit gain à chaque palier. Là encore le gain existe, mais est assez peu sensible. Ce qui nous incite à conseiller au joueur de choisir une mémoire rapide plutôt qu’une mémoire à faible latence.
Pour les créateurs !
Le fait que les jeux ne tirent pas vraiment parti d’une augmentation de la quantité de DDR s’explique par plusieurs facteurs : Primo les moteurs doivent rester relativement raisonnables pour pouvoir tourner sur des configurations de gamme intermédiaire. Deuzio, les jeux s’appuient principalement sur des GPU toujours plus efficaces aidés par de grandes quantités de mémoire graphique particulièrement véloce. Le gros du travail est donc fait par le GPU.
Pour les créateurs en revanche, le GPU n’est pas aussi déterminant, bien qu’il aide pour certaines tâches comme les prévisualisation d’effets ou les calculs d’encodage. Prenez un vidéaste qui va filmer en Full HD ou en 4K, faire ses éditions sur Premiere et After Effects. Il va manipuler de grosses quantités de fichiers, appliquer des effets et des corrections sur ces gros volumes. Et là, plus on aura de DDR, plus le travail ira vite.
Sous After Effects, exporter un clip de 10 secondes bourré d’effets spéciaux prendra 6 minutes en Full HD avec 8 Go de DDR4. En passant à 16 Go, le temps de calcul baisse beaucoup, passant à 2 mn 30. Et avec 32 Go, on passe sous les 50 s. Le gain est énorme et le bénéfice immédiat. En 4K, les bénéfices sont à peu près similaires, passant de 8 à 3 mn puis à 1 mn, avec respectivement 8 Go, 16 Go et 32 Go de mémoire.
Sans l’utilisation d’After Effects, un export de clip de 4 mn en 1080p et en 4K pour Youtube va énormément bénéficier du passage de 8 Go à 16 Go de DDR. En Full HD, on passe de 8 mn 30 à 7 mn, en 4K on passe de 22 à 18 mn.
Passer sur 32 Go permettra encore quelques gains, mais moins sensibles que sous After Effects puisqu’on gagnera en moyenne une minute par rapport à une configuration sur 16 Go. Mais pour ces travaux le facteur limitant est souvent le CPU (processeur)… reste à voir ce qu’il en sera avec les nouvelles générations de puces Intel et AMD. Il est très probable qu’il soit de plus en plus pertinent d’envisager des configurations à 32 Go dans un avenir assez proche.
Pour le moment, 16 Go semblent être un minimum. Y compris si vous vous « contentez » de photos. En effet, travailler de bonnes quantités de RAW (format d’image) dans des programmes comme Lightroom et Photoshop par exemple va très rapidement saturer une mémoire à 8 Go, surtout si vous avez d’autres programmes ouverts en même temps. Là encore, 16 Go semblent être un minimum raisonnable et facilement atteignable.
Enfin, la vitesse des modules est-il un facteur décisif ? Pas vraiment. Comme pour le jeu, la montée en fréquence apportera un mieux… mais pas assez pour être déterminant. Avec le même i7 6700K, la même GTX 1080, passer d’un kit DDR4 16 Go 2400 MHz à un 3200 MHz ne fera gagner que quelques secondes, faisant passer un export de 360 s sous Premiere Pro à 355 s… trop peu pour justifier un investissement spécifique. On privilégiera donc ici l’achat de très bons SSD, et au moins 16 Go de DDR4… peu importe la fréquence.
C’est d’ailleurs en gros la teneur du conseil qui sera donné en général : pour augmenter les performances de votre machine, privilégiez la quantité. Ne négligez pas la vitesse, mais à moins d’avoir vraiment envie du plus rapide absolu, il n’est pas absolument nécessaire d’investir dans les modules les plus exotiques.