Chaque jour qui passe, nous produisons un grand nombre de données, sous différentes formes. Mais lorsqu’il s’agit de les stocker, les ordonner ou en prendre soin, force est de constater qu’on ne fait pas toujours ce qu’il faut. Voici quelques conseils à mettre rapidement en pratique.
Si vous n’avez jamais subi de panne matérielle, tant mieux pour vous, mais sachez que ce genre de chose arrive plus souvent qu’on ne le croit et, parfois, sans que l’on n’y soit pour grand-chose.
Dans ce cas, malheureusement, tout est définitivement perdu ! Certes, stocker ses données dans les nuages peut sembler être la solution idéale, mais elle peut s’avérer coûteuse et n’est pas forcément adaptée à tout un chacun.
En prime, rien n’empêche le prestataire, par exemple, de changer ses conditions en cours de route (tarifs, lieux d’hébergement, conditions de sécurité, etc.).
La panne n’arrive pas qu’aux autres !
Suivant la sensibilité de certains fichiers, on ne sera pas toujours enclin à les laisser en dehors de chez soi. Ces derniers mois, les cas de «ransomware» en direction des cloud et autres stockages distants se sont multipliés.
Des pirates obtiennent vos données, souvent à cause d’un mot de passe faible, ou facilement devinable et, si vous ne payez pas la rançon demandée, ils vous menacent de mettre vos informations à la vue de tous, ou bien de les effacer. Pour éviter ce genre d’attaques, Il reste donc à héberger vos données en local. Malheureusement, plus récemment encore, les «ransomwares» ont pris pour cibles les machines locales et les stockages réseau. Aucun stockage n’est par conséquent à l’abri d’une attaque et d’une mauvaise manipulation de l’utilisateur.
Définir une stratégie de stockage
Pour mettre en place une stratégie de stockage efficace et pérenne, il faut prendre en compte plusieurs éléments. La première étant «qui garde quoi ?».
Si l’on installe un coffre-fort numérique à la maison, il faut déterminer qui pourra y avoir accès, de quelle manière, avec quel appareil et pour quelle quantité de données approximativement.
Bien sûr, il faudra prioriser l’ensemble et appliquer différentes règles. Cela semble ardu de prime abord, mais le bon sens s’impose le plus souvent. Les données les plus sensibles peuvent être par exemple chiffrées et copiées sur au moins deux unités de stockage.
L’intérêt de chiffrer ses documents est d’ajouter un verrou. Ainsi, lorsque quelqu’un récupère vos données sans la clé, elles sont illisibles. La duplication, elle, présente un intérêt rassurant: vous avez toujours une copie de secours en cas de panne. Pour reprendre l’exemple des photos souvenirs, le drame est évité quand une unité de stocke cède.
En revanche, les vidéos de chats, même les plus hilarantes, téléchargées par votre adolescent, pourront se promener sur une simple clé USB. S’il les perd, YouTube en est encore rempli…
Dès lors que vous avez hiérarchisé ce qui doit être protégé, de ce qui ne doit pas l’être, vous devez ensuite estimer la capacité nécessaire et avoir une idée assez précise de la durée. Prenons un exemple. Vous avez décompté 500 Go de photos sur vos machines et le plus vieux cliché date seulement d’un an. Pour qu’une solution soit viable pendant encore trois ans, il faudra donc disposer de deux disques de 2 To. Le second disque faisant office de bouée de secours du premier.
Quelle solution et dans quel cas ?
Si vous ne manipulez aucune donnée sensible et que vos souvenirs numériques se résument à pas grand-chose, une clé USB, une carte mémoire ou un disque dur externe pourront certainement faire l’affaire. Ce sont des solutions économiques et facilement remplaçables en cas de pépin.
Dans le cas d’un disque dur ou d’une clé USB, il n’y a pas que la taille qui est à prendre en compte. En effet, il est aussi intéressant de regarder la connectique (USB 2.0 ou 3.0) car les débits ne sont pas les mêmes : l’USB 2.0 est limité à 35 Mo/s alors qu’en USB 3.0, la limite vient de l’unité de stockage à l’intérieur du boîtier. Cela peut avoir une incidence non négligeable lors de la copie de fichiers volumineux.
Dans tous les cas, ce sont des solutions économiques et relativement simples à mettre en place. Et grâce à Windows (notamment la version 10), il est même possible d’automatiser certaines copies comme nous le verrons un peu plus loin.
Attention, la fiabilité d’une clé USB, d’une carte mémoire ou d’un disque dur externe n’est pas toujours au rendez-vous. Si vous disposez d’un ordinateur où il y a de la place, vous pouvez alors opter pour un autre choix, celui de la redondance des données en interne en ajoutant un second disque dur. L’intérêt est que vous allez pouvoir copier vos données d’un disque à l’autre et automatiser la tâche ou la rendre transparente. Ainsi, lorsqu’un disque tombe en panne, l’autre est toujours là avec vos données. Il suffira d’en remettre un neuf pour que le cycle de copie automatique puisse reprendre de nouveau. C’est le principe d’une grappe RAID.
On perd un peu en performances brutes, puisqu’il faut copier continuellement deux fichiers au lieu d’un, mais cela présente une vraie sécurité sur le long terme pour ne jamais perdre vos données.
Si cela ne vous sied guère, parce que vous utilisez un ordinateur portable par exemple, il reste à envisager la solution du NAS. Un NAS n’est rien d’autre qu’un petit serveur, constitué d’au moins deux baies de stockage, nécessitant peu d’énergie pour stocker des documents. Comme un serveur, il est prévu pour fonctionner 24/24h, et 365 jours par an. On peut mettre plusieurs utilisateurs avec des privilèges différents, définir des quotas d’espace pour chacun, sans qu’ils n’entrent en conflit les uns avec les autres.
Et on peut aussi mettre en commun certaines ressources (audio, vidéo, photos par exemple) qui évitent des duplications inutiles. Si vous avez à déplacer vers votre NAS de nombreux fichiers ou qu’ils sont volumineux, privilégiez des connexions filaires. Faites attention à un détail : le commutateur (ou switch) sur lequel vous les raccordez. Si l’on prend l’exemple des box fournies par les principaux FAI, elles ont toutes un commutateur permettant de connecter trois à quatre machines, mais celui-ci peut avoir un débit maximal de 100 M bits, soit 12,5 Mo/s! Il vaut alors mieux ajouter un switch compatible 10/100/1000 M bits à son réseau pour raccorder directement vos machines avec votre serveur, le débit pouvant alors grimper facilement à 1 Gbits (soit 120 Mo/s).
Si vous souhaitez réaliser des sauvegardes de vos appareils mobiles, c’est aussi possible avec un NAS. Les principaux fabricants (Synology, Qnap, etc.) proposent des applications mobiles avec leurs appareils qui permettent de telles choses, sur certains répertoires (Photo, Vidéo, Multimédia et Contacts principalement). Attention cependant, qui dit terminal sans fil dit aussi connexion sans fil pour le transfert des fichiers.
Le débit, parfois ralenti via un câble, peut s’avérer carrément long via le Wifi. Même si les fabricants de smartphones, tablettes et routeurs indiquent des gros chiffres, ils sont rarement atteignables en pratique. Il faudra donc s’armer d’une certaine patience pour réaliser des sauvegardes de ses terminaux mobiles sur son NAS. Sinon privilégiez la copie de carte mémoire au format microSD quand votre smartphone dispose d’un tel emplacement.
Enfin, le NAS peut être accessible depuis l’extérieur de la maison, mais votre connexion à Internet personnelle pourra être son talon d’Achille. Si elle n’est pas assez performante, récupérer vos fichiers peut prendre du temps.
Le cas des disques optiques
Les CD, DVD et autres Blu-Ray ne présentent pas une bonne méthode de sauvegarde, ce n’est plus du tout recommandé et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce qu’il faudrait graver de nouveau des supports vierges à chaque fois que l’on opère la moindre modification sur ses fichiers. Ensuite, leur lenteur à fournir les données qu’ils contiennent par rapport aux autres solutions de stockage (disque dur ou mémoire flash) s’avère handicapante. Enfin, ils résistent bien moins dans le temps que les autres solutions de stockage, à moins bien entendu de les conserver dans des conditions idéales, ce qui n’est que rarement possible.
Qui plus est, il n’est pas certain qu’ils restent encore bien longtemps au sein de nos machines. On arrive aujourd’hui à vivre sans, surtout à l’heure du tout dématérialisé. Ceux qui ont encore des sauvegardes sur disquettes 5,25 pouces ou cartouches Zip s’en mordent peut-être les doigts.
Les bonnes pratiques
S’il est quasiment impossible de dire que tel ou tel matériel de stockage est infaillible, il existe tout de même de bons réflexes à posséder. L’éjection de la clé USB, du disque dur ou de la carte mémoire depuis son logement sur le PC ne doit se faire qu’après avoir eu la notification de la part du système qu’il est possible de le faire. Il est probable en effet qu’une tâche de fond continue de travailler en dehors de votre vue. C’est souvent cela qui provoque des erreurs à la prochaine lecture et peut entraîner tôt ou tard la mort du périphérique externe.
Dans le cas d’un disque dur, même depuis l’émergence du S-ATA et de ses capacités de branche à chaud, il est préférable de patienter quelques secondes avant de le déplacer, le temps que les têtes de lecture se parquent. Si vous le pouvez, préférez d’ailleurs un SSD! Les débits sont plus importants et il n’est alors pas nécessaire d’attendre que la mécanique s’arrête pour pouvoir le débrancher.
Une bonne stratégie et de bons outils
Réussir la protection de ses données requiert de prendre son temps avant de se lancer dans la bataille. La première étape consiste en effet à imaginer sa propre solution ou plutôt celle qui conviendra le mieux en fonction de ses propres besoins. Il ne sert à rien de s’encombrer d’un NAS si la duplication en interne dans votre PC suffit.
Et si vous souhaitez ajouter une couche de solution dans les nuages en cours de route, si elle est viable, pourquoi pas! Le secret des données fiabilisées dans le temps vient de leur redondance et de leur maîtrise sur le long terme. Le support matériel a un coût et demande de l’entretien régulièrement.
Cloud ou stockage à distance
Nous avons abordé le stockage dans les nuages (le cloud) . Cette solution est pratique, efficace et en théorie sécurisée aussi bien dans le domaine pro que perso. Malheureusement, suivant vos usages, vous ne pourrez pas tout placer sur le cloud pour des questions de taille (vos films par exemple), ou de lieu, car selon l’endroit où vous vous trouvez, la bande passante (comme le HotSpot du camping ou de l’hôtel) n’assurera pas les mêmes services que votre liaison domestique. Le stockage physique demeure indispensable.
Les RAID en action
Lorsque l’on agrège des disques durs entre eux, on appelle cela former une grappe RAID. Le principe de fonctionnement a été établi à la base pour les serveurs. Dans le cadre d’un simple «miroir» ou RAID 1, le but est ici de dupliquer les mêmes informations sur au moins deux disques.
Si l’un des deux cède à n’importe quel moment, Il suffit de l’extraire et d’en remettre un neuf pour que la copie Intégrale du disque sain ait lieu. Cette étape est assistée matériellement par une puce spécifique dans le monde professionnel, mais en usage domestique, ce sont les différents composants de l’ordinateur qui seront mis à rude épreuve, notamment le disque dur, mais aussi la mémoire et le processeur.
Pendant ce temps-là, il vaudra mieux l’ordinateur de côté. Et plus le disque est gros, plus cela prend de temps bien évidemment.
Une autre solution consiste à mettre trois disques et d’utiliser le RAID 5. Celui-ci est disponible sur des cartes mères haut de gamme ou des cartes additionnelles spécifiques via un contrôleur dédié. Le principe de ce mode est d’affecter une partie des données sur chacun des disques mais aussi de créer des fichiers de parités. Le gros avantage est à regarder du côté des performances, car on n’ a plus à écrire deux fois le même fichier en parallèle à chaque fois.
En cas d’échec d’un des disques de la grappe, ce sont les deux autres, ainsi que les blocs de parités qui vont permettre la reconstruction complète.
D’autres types de RAID existent, comme le RAID 1 + 0 ou RAID 10. Celui-ci se fait grâce à (au moins) quatre disques identiques. Le principe est ici de constituer deux grappes fonctionnant en bandes avec chacune deux disques placés en miroir. Si cela offre un bénéfice en termes de performances mais aussi en fiabilité.. son cout est relativement élevé : la moitié de l’espace disque servant à la redondance !